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Moi, pêcheur depuis le 04 juin 1916

Vous allez vous dire :"il est bien vieux celui-là" ou "encore un qui est né avant son père".

Mais rien de tout ça. Simplement de la chance. J'ai en effet la chance de pouvoir dater la naissance de ma passion pour la pêche au 04 juin 1916.

J'ai découvert la pêche dans la maison familiale creusoise. Dans cette place qui abritât une grande part de la villégiature de mon enfance, se trouvent deux plans d'eau.

" le petit étang" construit par mon grand père en 1970, me permis de m'initier au plaisir de la pêche à la truite.

"la vaudelle", qui en plus de m'avoir affranchit à la pêche du carnassier, fût et est encore la clef et le moteur de mon imagination. Souvent au travail, la nuit, les jours sombres ou bien encore au plein milieu de la turbulente vie, il arrive que mon esprit quitte mon corps pour s'y promener, laissant les choses qui m'entoure comme de simples ombres.

La Vaudelle était le lieux de baignade de mon grand père dans son enfance. Il en fut expulsé par la propriétaire car: " si l'un d'entre vous se noie je serais obligé de le vider et je perds tous mes poissons "

Bien des années plus tard et grâce à des conseils audacieux, il réussit à le racheter.

Enfant j'écoutais, le soir, à table, les récits des pêches à l'épervier et à l'écrevisse. J'attendais, impatient d'être au lendemain pour aller poser mes bouteilles à vairons.

Les pièges étaient tendus dans les ruisseaux creusois au pied du plateau des mille vaches. Ces vairons voyageront d'un ruisseau à un autre, d'un sceau à un bac ou d'un plan d'eau à un autre sous l'emprise de ma folie transportrice.

Les années qui séparèrent mon enfance et mon état d'adulte ne s'écoulèrent pas toujours proche de la source de ma passion. Pêchant de marre en étang, d'étang en lac, de ruisseaux en fleuves et de France en Europe rien, non rien, n'éloignât mon coeur aquatique de ma déraison halieutique: La creuse.

Aujourd'hui qu'on me dit adulte, j'y passe beaucoup de temps mais c'est encore trop peu. Le plaisir de la pêche, de la nature, d'être là bas ne serait pas si je n'avais, une fois de plus, la chance de le partager avec des amis.

Didier participe à faire de ces endroits imaginaires et volatiles des réalités ancrées dans mon existence. Merci.

Enfin reprenons "le fil de l'eau".

Nous sommes bien loin du 04 juin 1916.

Pas si sur. Que s'est il passé ce jour-là . Dans "Le carnet de notes quotidiennes/ campagne 1914/1915/1916/1917" de mon arrière grand-père on y trouve, au 04 juin 1916, alors qu'il se trouve en permission en Provence avec son fils de 11 ans: Jean (mon grand père) : "...L'étang, véritable mer intérieure profonde ( cinq à six mètres ) nous a émerveillé. Il est si poissonneux que nous n'avons pu résister au désir d'emprunter quelques instant les lignes de quelques petits provençaux alertes et bavards."Cette journée de souffle au milieu de la guerre, a du marquer de l'empreinte du bonheur l'inconscient de ces deux hommes. J'extrapole, j'interprète mais en tout cas j'aime à croire que ce jour du 04 juin 1916 a été déterminant. Qu'il en découle l'histoire fatale de la naissance de ma passion.

Aujourd'hui dépositaire temporaire de ces lieux, je rêve secrètement que ma fille Jeanne connaisse avec gourmandise les moments simples mais empreint d'amour passé au fil de l'eau creusoise. Et peut être qu'un jour avec des amies, Judith pourquoi pas, elles s'assoiront pour parler de l'avenir halieutique de ce pays si lointain.

Je ne peux que mettre la tentation devant ses yeux et elle seule choisira.


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