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Les petits soldats


Les petits soldats

je voudrais que celles qui vont me lire me pardonnent. D’habitude, vous êtes les premières que je veux « séduire » en écrivant. Mais aujourd’hui je vais faire appel à des stéréotypes masculins, aux quels, et par bonheur, je suis sur, vous n’êtes pas sensibles.

Enfant, et comme ceux de mon genre, je jouais au petits soldats. Jeu de guerre qui a formé des patriotes mais aussi des antimilitaristes. Ce jeu, sans règle, à développé mon imagination, ma capacité de projection, ma créativité et mon envie de victoire.

Je me souviens du plaisir d’installer les gentils bleus à droite, face aux méchants verts à gauche. Passant sans contrainte de l’armée égyptienne au GI du débarquement, le monde et son histoire m’appartenait, et j’en jouais.

Quelques fois ces guerres laissaient place à des cyclistes de plombs qui avançaient, au gré d’une bille, lancée par mon index. Dans mon coeur d’enfant, le tour du monde des guerres laissait place au tour de France.

Aujourd’hui que la journée de ma vie est avancée, je n’ai plus le droit, pour quelle raison je ne sais pas, de jouer aux petits soldats.

Mais les hot spots de mes rêves que sont les berges creuses, les arbres immergés et les hauts fonds, ont remplacé les plages du débarquement et la pleine d’Austerlitz.

Le Gergovie de mon enfance est devenue ce lac poissonneux, la vallée des rois où mon armée pharaonique repoussait l’envahisseur soviétique est devenue la vallée du thaurion où je traque la truite fario.

A me voir ranger mes leurres dans leurs boites, et selon un classement que seul mon esprit troublé peut comprendre, je me retrouve enfant rangeant mes soldats fatigués et blessés dans leur caserne de bois carrée: ma boite à petits soldats.

Je choisi aujourd’hui avec application tel ou tel de mes leurres, comme hier je choisissais quel général allait mener mes troupes à la victoire. la peur au ventre de faire le mauvais choix, comme Napoleon l’a fait Waterloo et de finir ma campagne capot.

La relation spéciale, qui unit le pêcheur avec la partie terminale de sa ligne, ne peut être comprise que par ceux qui ont, enfant, parlé à leurs petits soldats, par celles qui, petites filles, malheureuses, se sont disputées avec leurs poupées.

Oui, j’avoue, je parle à mes leurres.

Ne dit on pas que: « la différence entre les enfants et les adultes c’est le prix des jouets » ?

La pêche est un jeu qui fait appel à notre imagination, notre capacité de projection, notre créativité et notre envie de victoire comme le sont les petits soldats.


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